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12 juillet 2011

Carnet des personnages

roman,littérature,nouvelle,personnage,fiction,le grand variable,éditions éditinter,manuscrit,tapuscrit,publication,auteur,écrivain,narration,angle,christian cottet-emardSi j’arrive à ne pas trop me disperser dans la contemplation de ce bel été, si j’arrive à me concentrer et à me discipliner un peu, à manger plus léger, à moins fumer de cigares et à dormir avec plus de régularité, les ombres qu’ils sont encore pourront bientôt cheminer vers le jour.
Pour l’heure, ils s’impatientent et me le font savoir, y compris ceux qui reviennent comme l’enseigne de vaisseau Mhorn et son encombrant ami, le brocanteur Marius le Bernois. Ils croiseront les chemins d’Helga, la jeune mariée qui a mal aux pieds, de Louis pour qui le monde va trop vite, et d’Andrade dérangé dans sa bibliothèque par une jeune fille nostalgique de grandes fêtes sous la lune.

09 juillet 2011

Carnet des gentianes et des chardons bleus

Bel été du Haut-Jura. Rose éclatant des massifs d’épilobes. Chardons bleus. robert walser,joseph von eichendorff,fantaisie du voyageur,romantisme,promenade,les enfants tanner,scènes de la vie d'un propre à rien,épilobes,gentianes,chardons,christian cottet-emard,littérature,marche,carnet,blog littéraire de christian cottet-emardGentianes. L’odeur des foins. Promenades non pas mahleriennes ainsi que j’ai la manie de qualifier mes balades estivales mais, ces temps-ci, walseriennes.

robert walser,joseph von eichendorff,fantaisie du voyageur,romantisme,promenade,les enfants tanner,scènes de la vie d'un propre à rien,épilobes,gentianes,chardons,christian cottet-emard,littérature,marche,carnet,blog littéraire de christian cottet-emardLe premier livre que j’ai lu de Robert Walser est La Promenade. Dans ce texte comme dans l’œuvre de Walser en général, on est encore dans l’univers faussement bucolique de la fantaisie du voyageur avec le vieux thème romantique du rêveur sans qualité partant au hasard des chemins. La petite musique des Scènes de la vie d’un propre à rien de Joseph von Eichendorff (1788-1857) est toujours perceptible chez Walser qui lui apporte cependant de plus en plus insistantes dissonances. Walser, né en 1878, était un grand marcheur, jusqu’à sa mort dans la campagne enneigée le jour de Noël 1956.robert walser,joseph von eichendorff,fantaisie du voyageur,romantisme,promenade,les enfants tanner,scènes de la vie d'un propre à rien,épilobes,gentianes,chardons,christian cottet-emard,littérature,marche,carnet,blog littéraire de christian cottet-emard

Dans son roman Les enfants Tanner publié en 1907, Walser lance Simon, son personnage principal, grand marcheur lui aussi, sur un long chemin dans la campagne hivernale où il trouve le corps gelé du jeune poète Sebastian. Walser décrit le chapeau qui recouvre le visage du défunt.

Saisissante description lorsqu’on pense à la célèbre photo de Walser gisant dans la neige où l’on voit les pas qui s’arrêtent et le chapeau qui a roulé par terre. Jeune romancier, Walser fixe un instant qui sera celui de sa propre fin presque cinquante ans plus tard.

25 juin 2011

Comment ne pas ?

poisson,fontaine,parc rené nicod,oyonnax,ain,rhône-alpes,autobiographie,adolescence,variations symphoniques,christian cottet-emard,blog littéraire,souvenirToutes les fleurs du marronnier du parc municipal se sont envolées dans les grands vents des premiers orages. Le parc n’est pas loin du lycée où je suis en seconde. Quand viennent les heures de sport, je sors acheter un paquet de Gitanes blanches sans filtres au café-tabac situé juste en face du lycée, je descends la rue de la Victoire et je rejoins l’entrée du parc marquée par une fontaine dont l’eau jaillit de la bouche de gros poissons en métal peint. Le plus souvent, ma place sous le marronnier est libre et je m’y installe pour fumer et lire un livre de poche.

Ce jour-là, j’ai acheté La Vie rêvée de François-Régis Bastide, un gros roman choisi pour le titre et la couverture (où l'on voit flotter un orgue dans le vide) et non pour l’auteur que je ne connais pas. poisson,fontaine,parc rené nicod,oyonnax,ain,rhône-alpes,variations symphoniques,autobiographie,carnet,christian cottet-emard,blog littéraire,eau,souvenir,adolescenceJe crois avoir lu au moins trois quarts de ce livre en pensant à autre chose, sans m’intéresser à une histoire qui était sans doute à mille lieues de ce qui pouvait me concerner à cette époque. Si je me souviens encore de ce livre qui ne suscita en moi que quelques images floues correspondant à certains débuts de chapitres, c’est qu’une question parasitait ma lecture : comment écrire un roman de cinq cents pages ?

Aujourd’hui, trente-cinq ans après ce moment de mon adolescence qui s’est gravé Dieu sait pourquoi dans ma mémoire avec une étrange insistance, j’aurais plutôt tendance à me demander : comment ne pas écrire un roman de cinq cents pages ?

Malgré ma propension à rêver ma vie en ces années soixante-dix du siècle dernier, je ne garde guère de nostalgie de cette période durant laquelle je n’exerçais ma lucidité à rien d’autre qu’à tenter d’évaluer les décennies d’expériences et de lecture qu’il me faudrait traverser avant d’être capable de raconter une histoire et d’en arriver à me demander « comment ne pas faire ceci ou cela, comment ne pas écrire ceci ou cela, comment ne pas être ceci ou cela » .. .

(Extrait de : Les Variations symphoniques.)